
Alamut
Alamut, la forteresse des Assassins Au cœur des hautes montagnes de l’Elbrouz, au sommet d’un piton abrupte, veillent les ruines du château du « Vieux de
Tchak, tchak, tchak, tchak… ainsi résonnent depuis des siècles les gouttes qui tombent au fond de la grotte sacrée de Chak Chak Ardakan, cachée dans un petit massif montagneux au cœur du désert iranien. Chacune de ces gouttes représente une larme versée pour les opprimés et les orphelins par la princesse Hayat Banoo, murée à jamais au cœur de cette falaise alors qu’elle essayait d’échapper à l’armée arabe qui envahit la Perse autour de l’an 640. Cette princesse, c’est la fille du dernier roi sassanide Yazdegerd III, dernier souverain de la religion persane. L’histoire aurait pu tomber dans l’oubli si un berger à la recherche de ses troupeaux n’avait été attiré par la fraîcheur cette grotte quelques années plus tard. Après avoir bu l’eau sacrée pour se désaltérer, il sombre dans un doux sommeil et la princesse lui apparaît en songe, pour lui raconter son histoire et lui demander de dresser un sanctuaire sur ce lieu. Depuis lors, des zoroastriens du monde entier s’y rendent en pèlerinage chaque année, du 14 au 18 juin, montant à pied jusqu’à la cavité et franchissant les lourds battants de bronze fixés à l’entrée de la grotte.
Si cette princesse fut la dernière de la Perse zoroastrienne, la disparition de la souveraineté persane n’a heureusement pas entraîné celle de la religion zoroastrienne. Au contraire, celle-ci a survécu jusqu’à présent et malgré de nombreuses persécutions, elle jouit encore d’un certain respect en Iran. Quelques-unes de ses fêtes sont célébrées par tout le peuple iranien, comme celle de Nowruz le 21 mars, le Nouvel An perse. Les origines de cette religion remontent au IIème millénaire avant notre ère, ce qui en fait sans conteste l’une des plus anciennes religions du monde moderne. Elle doit ce nom à son prophète, l’illustre Zarathoustra, qui aurait vécu vers 1500 avant notre ère. Elle a été adoptée par les grands rois Achéménides des VI-IVèmes siècles avant notre ère, puis après une période d’abandon durant les diadoques d’Alexandre (après 330 av. n. è.), elle resurgit sous les rois Sassanides jusqu’à l’assassinat du dernier d’entre eux en l’an 651.
Ahura Mazda constitue le dieu unique de la religion zoroastrienne. Il a organisé le chaos en kosmos, il est le créateur du ciel et de la terre. Il n’exige nulle adoration des humains, et ces derniers n’ont pas besoin d’intermédiaire pour dialoguer avec lui. Pas étonnant que les autres religions du livre n’aient pu tolérer une telle liberté dans le rapport au sacré, qui ne laisse aucune place aux popes, papes, prêtres, rabbins, imams et marabouts pour rançonner le peuple. Les textes sacrés sur lesquels sont basés la religion forment l’Avesta (l’« éloge »), à la base tradition orale dont l’essentiel aurait été mis par écrit par Zarathoustra. Ces textes fixent entre autres l’égalité des sexes, proscrivent l’esclavage, reconnaissent même une âme aux animaux et considèrent leur maltraitance comme un crime. On en vient presque à regretter que les rois de Perse n’aient pas réussi à soumettre le monde entier, à faire passer sous le joug de la Porte de toutes les nations à Persépolis l’intégralité de ces brutes belliqueuses, arrogantes, intolérantes et cupides d’occidentaux, jusqu’à Alexandre le Grand en personne. À empêcher l’accomplissement des nouvelles religions du livre.
Lors de l’imposition de l’Islam au VIIème siècle, une importante partie de la communauté zoroastrienne a décidé de migrer vers l’Inde, notamment au Gujarat où leur religion était tolérée. Ils y sont encore aujourd’hui désignés sous le terme de « Parsi », les Perses. D’autres sont partis pour le Kenya et Zanzibar. Une légende raconte même que certains auraient migré… à Madagascar ! Où ils auraient donc pu arriver au temps des premiers habitants de l’île, bien avant les Européens. Histoire fantasmée de cette île dont nous savons si peu, où tout est matière à étonnement (voir article sur les rituels malgaches)? Aujourd’hui, la communauté la plus importante vit dans la ville de Yazd dans le désert iranien. En Iran, on les appelle les « guèbres » (les infidèles). La religion zoroastrienne regrouperait un peu moins de 200 000 pratiquants à travers le monde. À Yazd se trouve également l’un des plus importants temples du feu construit en 1934, l’Ateshkadeh, où a été amenée au terme de plusieurs déplacements une flame sacrée entretenue sans interruption, si l’on en croit la légende, depuis l’an… 470 ! Dans la périphérie de la ville moderne, hors du smog de pollution qui obscurcit le ciel en permanence, se trouvent les tours du silence. C’est au sommet de ces tours en ruine qu’étaient déposées les dépouilles des croyants, afin que leurs chairs impures ne souillent les éléments sacrés qu’étaient la terre, le feu et l’eau. C’est aux vautours qu’incombait le travail de purification, avant que les ossements ne soient récupérés par les vivants. En Inde, certaines sont encore en fonction aujourd’hui, mais le travail est rendu difficile par la disparition des grands oiseaux de proie. En Iran, c’est l’incinération qui a remplacé ce rite depuis 1979 et la proclamation de la République islamique, indisposée par une pratique aussi « barbare ».
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Les jardins de Persépolis et l’origine du Paradis chrétien Un beau jour de juillet à Pasargades dans le Fars. La chaleur est écrasante, la plaine