
Tsaborah et autres rituels malgaches
Tsaborha et autres rituels malagasy Août 2018, alors que l’on prépare le terrain pour la fouille à quelque distance du hameau d’Amborolana, près de Farahalana,
Le nord de Madagascar constitue en effet le premier producteur mondial de cette rare espèce d’orchidée, dont près de 2500tonnes sont exportées chaque année. De quoi rendre riche n’importe qui du jour au lendemain, imaginez un peu à plus de 200 dollars le kilo, parfois jusqu’à 600. De petits producteurs se mettent à construire de grandes maisons avec des piscines, s’achètent plusieurs voitures, des écrans plats, leurs enfants s’achètent des motos de luxe, alors que la plus grande partie de la région n’a ni électricité, ni accès à l’eau potable. Fatalement, cette ostentation a généré un banditisme tout aussi prospère. Le vol est un véritable fléau, il est si facile de venir se servir dans les plantations. Si bien que les producteurs doivent cueillir les gousses de plus en plus jeunes avant qu’elles ne soient volées, ce qui induit une baisse drastique de sa qualité sur le marché. À la période de la récolte, de nombreux producteur montent une garde armée, veillant jour et nuit sur leurs précieuses gousses.
En parallèle, une mafia menée par les gros exportateurs s’est progressivement instaurée, dont l’impact sur la qualité du produit se fait également ressentir : cueillettes précoces, baisse du
temps d’affinage des gousses, empaquetage non-conforme et mélange de gousses mûres et immatures pour obtenir le plus d’argent le plus rapidement possible. Les bandits se font lyncher, les producteurs assassiner. Ce coin de paradis tropical revêt des airs de Far-West. Étrange paradoxe, le prix de la vanille malgache ne cesse pourtant d’augmenter. La conséquence inexorable de cet état de fait est que les producteurs malgaches cèdent du terrain sur le marché mondial au profit des grands producteurs mexicains et indonésiens. Et ce sont bien sûr les petits producteurs malgaches qui en font les frais, eux qui se mettent même à rêver d’une baisse du prix de la vanille, assez pour désintéresser les escrocs, assez pour faire vivre une honnête famille de paysans de manière décente.
Se procurer de la vanille de qualité à Sambava, ça ressemble furieusement à la recherche d’un bon filon pour de la weed. La mise en contact se fait de manière très indirecte, par un proche qui connaît quelqu’un qui est le petit-cousin d’un ami du gendre de la soeur de la personne concernée, qui cache son précieux butin sous son lit ou sous son canapé et passe ses nuits à prier pour que la délicieuse odeur s’échappant de la fenêtre sans carreau n’attire aucune personne mal intentionnée.
Tsaborha et autres rituels malagasy Août 2018, alors que l’on prépare le terrain pour la fouille à quelque distance du hameau d’Amborolana, près de Farahalana,