
Erster Halt : Wien
Erster Halt : Wien Prologue : le meilleur des plans B Le 24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Au-delà des implications gravissimes de cet
Budapest, deuxième destination de notre tour du monde et véritable coup de coeur (connaissez-vous les Kürtöskalács ?). C’est l’occasion de réfléchir au destin de ce royaume, fondé par des peuples venus de loin à l’est, vers où tend notre voyage actuel. À cette énigme linguistique qu’ils constituent dans le paysage européen actuel, comme le basque et le finlandais.
Historiquement, et aujourd’hui encore, les Hongrois ne sont nommés comme tels que par les sources externes (notamment byzantines) et par les pays étrangers. Eux-mêmes s’appellent Magyars, vraisemblablement du nom de l’une des sept tribus à l’origine de la coalition ayant conquis le bassin des Carpathes en 896, mettant ainsi fin à la domination des Avares. Le qualificatif « hongrois » pourrait être dû à une confusion historique avec les Onoghours, peuple turcophone qui occupait les steppes au nord de la mer Noire au 9ème siècle. Ceux-ci auraient été totalement assimilés par les Magyars lors de leur progression de l’est de l’Oural en Russie actuelle vers l’Europe orientale.
Les Onoghours, comme les Avares, appartenaient au groupe des peuples turco-mongoles, qui de la frontière nord de la Chine au 3ème siècle ont déplacé leur ligne de front sur l’Europe orientale dès le 6ème siècle, plus de 6500 km à l’ouest. Même origine, en fin de compte, que les Huns et Attila, ou plus tard que les Mongoles et Gengis Khan. Même origine que les Ottomans, aussi, qui font alors leur entrée sur la scène anatolienne. Les Magyars quant à eux descendaient d’une autre branche ethnique, avec une toute autre langue qui se rattache vaguement au finlandais. En résumé, tout est depuis toujours impermanence sur le limes oriental de l’Europe, point de chute éternel des cavaliers des steppes d’Asie.
Ah, Budapest, bien grande ville et bien belle capitale pour un si petit pays. Cette opulence, ce caractère monumental s’expliquent par le fait que la Hongrie, avant le démantèlement de l’Empire austro-hongrois par les Alliés en 1920, à l’issue de la Première guerre mondiale (accord Trianon), c’était aussi la Slovaquie, la Croatie, la Transylvanie (Roumanie) et bien d’autres régions encore. Au cours de ces derniers siècles, la Hongrie a mené une lutte perpétuelle pour sauvegarder (sans succès) son indépendance face aux grandes puissances du sud (Empire ottoman) et du nord (Autriche des Habsbourg), passant des mains des uns aux mains des autres jusqu’à la fondation de l’Empire austro-hongrois en 1867. Ce dernier a réussi à faire cohabiter en relativement bonne harmonie pas moins de 14 ethnies, de langue et de religion différentes. Cela tient du miracle, au vu des grands bains de sang qui ont suivi au cours du 20ème siècle dans les Balkans. C’est pourquoi plusieurs penseurs modernes, à l’instar de Stefan Zweig, d’Ivo Andric (auteur bosniaque du 20ème siècle, lauréat du prix Nobel de littérature en 1961) ou encore d’Amin Maalouf, ont fait l’éloge de ce modèle sociétal, malgré le contrepoids que constitue une imposition violente.
Difficile de le rater, le Musée national hongrois (Magyar Nemzeti Múzeum). Nous nous y rendons de bonne heure, et, passé l’immense synagogue du quartier juif, arrivons devant un bâtiment imposant au style classique flanqué de toute part par un jardin à la française. En haut des marches, entre les colonnes immaculées, d’imposantes bannières déroulantes présentant les expositions temporaires en cours attirent le regard. L’une d’elle retient particulièrement notre attention : Sisi kesztyűjétől Sztálin füléig (on ne doute pas de votre compréhension du hongrois, mais on vous donne quand même la traduction au cas où: « Du gant de Sissi à l’oreille de Staline »). On imagine rapidement une exposition faisant dialoguer deux grandes périodes de l’histoire récente du pays, sa puissance durant l’Empire austro-hongrois et sa soumission aux Soviétiques après la Seconde guerre mondiale respectivement symbolisées par des protagonistes phares
Nous découvrons rapidement qu’il ne s’agit de rien de tout ça ! Cette exposition temporaire qui court jusqu’à fin août 2022 présente en réalité le parcours d’un échantillon d’objets des nombreuses collections du musée, de la préhistoire à aujourd’hui. Si les commissaires d’exposition ont sélectionné comme élément d’appel deux de ses objets les plus fameux, on y découvre au cours de cinq salles en alignement un florilège d’artefacts insolites dans une muséographie moderne très illustrée. Un catalogue d’exposition allège les cartels et fournit de nombreuses informations sur chaque objet.
Contrairement à nos attentes, nous n’en apprendrons pas davantage sur la vie de l’impératrice Sissi mais plutôt sur… sa mort ! Ainsi que sur le deuil international causé par sa perte et plus particulièrement sur l’attachement du peuple hongrois à sa reine. Il nous semble très probable, même si cela n’est pas explicité, que c’est à l’occasion de l’acquisition de son fameux gant en novembre 2021 que l’exposition a été élaborée.
Difficile de qualifier l’expérience muséologique que constitue la visite du Musée national. Après une demi-journée passé entre ses deux ailes sur trois niveaux, la fatigue visuelle prend le pas sur l’enthousiasme de la découverte – contrairement à l’effet suscité par le Musée d’histoire naturelle de Vienne. La cause principale de ce bémol, une partie historique (la surface la plus importante du musée) du 12ème siècle à l’ère contemporaine extrêmement (le mot est faible) dense. Si l’on peut croire que tous les objets des collections ont été exposés, il n’en est rien ! Les collections sont énormes, mais musée « national oblige » nous direz-vous. Toutefois, cette « surexposition » a eu le malheureux effet de nous faire perdre le fil de l’histoire et nous abandonner à une simple contemplation d’une grande diversité d’objets, de meubles et d’affiches. Dans ce cas de figure, une visite guidée est probablement la meilleure option pour maintenir un niveau de concentration et de mémorisation stable.
N’ayant pas vraiment suivi le chemin classique, c’est en dernière partie de visite que nous y arrivons enfin : l’archéologie ! L’éclairage tamisé, les tons bleus cendrés, les sons dirigés et les cimaises aux vitrines intégrées nous l’indiquent d’entrée : ici, la muséographie a été repensée ! C’est donc avec plaisir que l’on y découvre de magnifiques trésors de l’âge du Bronze, de très belles pièces d’art scythe qui se mêlent aux découvertes celtiques (témoin d’un âge du Fer au croisement entre orient nomade et occident “sédentaire”) et d’incroyables collections provenant de tombes du haut Moyen Âge, dans lesquelles chacun des nombreux peuples ayant parcouru la Hongrie en cette période des grandes migrations sont représentés : Huns, Gépides, Avares, Lombards. À l’heure d’une politique nationale fortement controversée, cette richesse nous rappelle que la Hongrie est le fruit d’une longue histoire mouvementée.
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