
Vie rurale au Soudan
Voyage en campagne soudanaise Le Soudan que nous avons découvert au travers de campagnes archéologiques, c’est un Soudan rural, plein de poésie, pratiquement oublié par
Alors que le Soudan comptait entre 2014 et 2018 une exportation d’or pour un montant total de 8,6 milliards de dollars, ses principaux partenaires commerciaux en importaient pour 12,7 milliards de dollars. C’est dire le fléau que représente la contrebande pour l’économie nationale, tolérée (moyennant quelques pots de vin) par le régime d’Omar el-Béchir jusqu’à sa chute en avril 2019. Depuis lors, une libéralisation du marché de l’or a été entreprise pour tenter de revitaliser une économie exsangue. Cette mesure a grandement bénéficié de la levée progressive des sanctions économiques imposées par les États-Unis, qui frappaient le pays depuis 1997 en raison du soutien hypothétique du gouvernement à des mouvements terroristes islamistes puis du génocide perpétré au Darfour au début des années 2000. L’entrée en jeu d’entrepreneurs étrangers ainsi facilitée, l’exploitation illégale de l’or devrait connaître un sérieux coup de frein.
Ces exploitations illégales ou semi-légales, nous en entendons parler par les collègues soudanais, plusieurs d’entre eux y ont travaillé par période. Les conditions de travail sont précaires, la sécurité reléguée à l’arrière-boutique, mais le gain est séduisant pour une population qui vit essentiellement de l’exploitation agricole. En Nubie, les grattages miniers ponctuent le paysage. Du jour au lendemain, un village construit de bric et de broc éclot au milieu du désert.
Les chercheurs d’or font parfois fausse route, comme ci-dessus bordure de la plaine du Nil au niveau de Kerma, où ils ont creusé un cratère de plus de 5 mètres de profondeur au milieu d’un site préhistorique vieux de 10 000 ans. Un lieu où s’installaient de manière saisonnière des peuplades nomades qui parcouraient un Sahara bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, luxuriant une partie de l’année grâce à la mousson de l’océan Indien qui remontait la vallée du Nil jusqu’au quatrième millénaire avant notre ère. Mais on s’égare.
J’ai eu l’opportunité de visiter un campement de chercheurs d’or à Karkar dans la région de Sedeinga. C’est là qu’une mission archéologique à laquelle je participais se procurait les denrées de base, ainsi que l’essence dont le pays subit une terrible pénurie depuis des années. Les femmes n’ont pas le droit d’y entrer, les occidentaux y sont à peine tolérés et les photos y sont bien sûr formellement interdites. C’est une communauté de plusieurs milliers de personnes qui vit là en parfaite autonomie, des hommes de tout âge et de toute ethnie. On y vient de la région et souvent de plus loin : Nigérians, Tchadiens, Lybiens, Darfouri, Noubas. Différents accents raisonnent en plus de l’arabe et du rutana, le dialecte local. On se surprend à capter des mots en français. Un décor de western, avec une touche bordélique de MadMax : tout est bancal, construit léger pour ne pas durer. Les dizaines d’échoppes qui s’alignent sur les artères principales, que nous ne sommes pas autorisés à quitter, vendent vraiment de tout. De mon côté, j’en profite pour dégoter une djellaba (l’habit traditionnel), j’explique dans un arabe très approximatif, sous les éclats de rire du tailleur et de ses acolytes, que c’est un cadeau pour mon Grand-Papa de 91 ans, qui voulait faire une entrée fracassante au Noël de l’EMS où il résidait.
Mais l’or et le Soudan, c’est une histoire bien plus longue. Celle-ci commence il y a près de 5000 ans en plaine du Nil, dans le désert de Nubie. Les riches gisements aurifères que recèle la région étaient déjà convoités de l’Empire égyptien et ont contribué à la prospérité des grands royaumes kushites de Kerma (2450-1450 av. n. è.), puis de Napata (664-290 av. n. è.) et de Méroé (290 av. – 350 de notre ère). Le précieux métal n’a cessé de constituer l’un des atouts de la région, qui a vu déferler de nombreux envahisseurs successifs.
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